Récente vainqueure de la Hardrock 100 et sixième au général, la coureuse américaine n’est plus très loin de battre les meilleurs hommes. Portrait de celle qui pourrait changer le game.
455,9 kilomètres. C’est la distance hallucinante qu’a parcouru en 2019 Courtney Dauwalter lors du Big’s Backyard Ultra. Cette épreuve originale consiste à parcourir une boucle de 6,7 kilomètres toutes les heures. Celui ou celle qui l’emporte est le dernier coureur qui reste encore en lice dans l’épreuve. L’Américaine a donc effectué ce jour-là 68 boucles (en 68 heures), terminant l’épreuve avec une distance totale de 455,9 kilomètres.
Quelques mois plus tard, la traileuse Salomon remportait l’UTMB et se faisait définitivement un nom en Europe dans l’univers de l’ultra après avoir régné sans partage sur les longues distances aux Etats-Unis, notamment sur les Western States Endurance Trail. Deux ans plus tard (l’édition 2020 ayant été annulée), la coureuse américaine réalisait le doublé sur la plus prestigieuse course de trail au monde en s’imposant à nouveau à Chamonix.
Mais ce jour-là, c’est bien sa performance par rapport aux hommes qui marquait cette édition 2021. Avec un chrono de 22h30, elle battait non seulement le record de l’épreuve détenu depuis 2013 par sa compatriote Rory Bosio (22h37 à l’époque) mais terminait surtout à la septième du classement général, homme et femmes confondus. Un résultat remarqué sur cette course de référence de 170 km et 10 000 de dénivelé positif. La deuxième femme de l’épreuve la Française Camille Bruyas terminant de son côté à la 15e place au scratch.
Venant du ski de fond qu’elle a pratiqué dans sa jeunesse, Courtney Dauwalter a enfilé son premier dossard sur une course à pied à l’âge de 26 ans. Venue sur le tard dans le monde de l’ultra, celle qui a grandi dans le Minnesota et s’entraîne désormais dans le Colorado, perce en 2016 quand elle remporte la Run Rabbit Run, un 100 miles réputé aux Etats-Unis sur lequel elle devance sa première concurrente de 75 minutes. « Je cours en moyenne 177 km par semaine principalement sur les sentiers de montagne près de chez moi » explique celle qui a quitté son poste d’enseignante en biologie pour se consacrer pleinement à la course à pied à l’âge de 31 ans. Dominatrice sur les ultras, Dauwalter a déjà devancé des hommes sur des longues distances à l’image de ses victoires au général aux Etats-Unis sur des épreuves de 24 heures.
Et preuve que l’UTMB 2021 n’était pas un coup sans lendemain, l’Américaine de 37 ans a réédité sa performance alpestre en s’imposant le week-end dernier sur la Hardrock 100, l’un des deux ultra-trails de référence aux Etats-Unis. Sur les 160 km et 10 000 m de dénivelé positif, elle l’a emporté chez les femmes après un effort de 26h44 (nouveau record féminin) et a terminé sixième au classement général. Devant elle, ils se comptent désormais sur les doigts d’une main et se nomment Kilian Jornet (vainqueur de la course) ou François d’Haene. Des légendes du trail auprès desquels Dauwalter est déjà assise et qu’elle pourra peut-être un jour devancer à la régulière sur un ultra.
« Nous vivons une période stimulante dans l’ultra en ce moment » expliquait la traileuse l’année dernière à Red Bull. « Les femmes repoussent toutes sortes de limites et placent la barre plus haut les unes pour les autres. J’ai de la chance d’être dans ce sport en ce moment et de faire partie de ce mouvement. Je pense que sur les très longues distances, les différences entre hommes et femmes s’amenuisent et la course devient juste une question d’endurance et de force mentale. » Un constat confirmé par de récentes études qui concluent à la plus grande aptitude des femmes à résister sur les très longues distances. Si elle ne s’alignera pas une troisième fois de suite sur l’UTMB en 2022, l’Américaine sera présente sur la Diagonale des Fous à La Réunion fin octobre. Histoire d’ajouter une nouvelle ligne à son palmarès et peut-être de remporter la course au scratch et rentrer un peu plus dans l’histoire de son sport.