Tournée des Grands cols : En cyclistes privilégiés sur les sommets italiens

Début juillet dans les Hautes-Alpes et en Italie, « La Tournée des Grands cols » a permis à de nombreux cyclistes de profiter d’ascensions réservées aux vélos. We Rock Sport était sur place pour avaler un maximum de D+. Premier volet de notre article sur les cols transalpins du Piémont.

Se prendre pour un coureur du Tour de France, le temps d’une matinée, sur les cols de légende de la discipline, fermés aux voitures pour l’occasion. C’est la bonne idée proposée lors de la Tournée des Grands Cols, qui réserve donc des routes aux vélos sur les deux versants des Alpes en France et en Italie. Dès juin, nos amis transalpins ouvraient le bal avec le Colle Fauniera et le Pian del Re. De notre côté, c’est avec le col de Sampeyre que l’on a attaqué cinq jours bien chargés en D+ tout en découvrant les beautés du Queyras et le lien qui unit ces vallées habitées les plus hautes d’Europe à celles de leurs voisines italiennes.

  • Col de Sampeyre

On est où ?

Bienvenue dans la région du Piémont sur cette ascension qui relie Sampeyre dans la Valle Varaita à Stroppo dans le val Maira. Situé dans la province de Coni, ce col est accessible depuis la France par le Col Agnel (comptez 1h30 de voiture pour venir de Guillestre jusqu’au pied du col).

Quelle difficulté ?

Le Col de Sampeyre est long de 15,8 km pour un dénivelé total de 1313 mètres. Un joli morceau qui était notamment au programme du Tour d’Italie en 1995 et en 2003. La montée est longue et il s’agit donc de se ménager pour atteindre le sommet à 2284 mètres d’altitude. La pente moyenne est de 7,5% avec des passages à 15 %. Le point de rencontre des participants est fixé à Stroppo au hameau Paschero. La fermeture de la route à la circulation des véhicules à moteur est prévue dans le hameau San Martino (dénivelé 916 m et parcours de 9,40 km).

© Vincent Girard

Comment on l’a vécu ?

L’ascension débute dans la ville de Sampeyre située à 976 mètres d’altitude. Ce 4 juillet, avant d’attaquer les premières pentes, des membres des offices de tourisme locaux sont présents pour donner une petite plaque de cadre à chaque deux-roues qui s’apprête à réaliser l’ascension. Une initiative bienvenue pour les cyclistes qui apprécient de les conserver comme souvenir. On signe également un document permettant de recenser tous les cyclistes venus profiter cette matinée-là de la fermeture exceptionnelle du col aux voitures. La première partie déroule sous l’ombre salvatrice des arbres. Plutôt une bonne chose quand il s’agit de donner les premiers coups de pédale accompagné des fortes chaleurs de l’été. Le plaisir de pouvoir rouler sans le bruit des voitures ou des motos, tout en coupant parfois généreusement les virages sans l’appréhension de voir arriver un véhicule en face, vaut à lui seul le coup de participer à la Tournée des Grand. Le silence n’est perturbé que par les discussions que l’on a avec les cyclistes croisés le long de l’ascension.

Les pourcentages restent sérieux tout au long de la montée et il n’y a guère d’endroit pour souffler, notamment au milieu du col où l’on fait aux plus forts pourcentages. Côté affluence, cela reste raisonnable et on se rendra compte quelques jours plus tard que les cyclistes seront nettement plus nombreux sur les ascensions françaises de cette Tournée des Grands Cols. Quand la forêt disparaît progressivement, on profite des paysages et notamment de la sublime vue sur le Mont Viso, sommet emblématique des Alpes italiennes qui culmine à 3 841 m d’altitude. Côté revêtement, la route mériterait un resurfaçage, car si elle ne pose pas de problème à la montée, la descente est un peu plus compliquée avec quelques zones où ça secoue. Au sommet, un ravitaillement sommaire (tartelettes et eau) nous attend. Un photographe est là pour immortaliser le moment et ce sera d’ailleurs le cas sur l’ensemble des cols de la Tournée.

On fait quoi après le vélo ?

Une fois arrivée au sommet, on vous conseille de redescendre sur un peu moins de 10 kilomètres jusqu’à Elva, charmant petit village de la province de Cuneo situé à 1637 mètres d’altitude et qui regroupe 29 petits hameaux répartis dans la Valle Maira. La visite de l’église Sainte Maria d’Elva avec ses fresques du peintre flamand Hans Clemer et son clocher de style gothique vaut le détour. En déambulant dans le village, on découvre aussi l’étonnant Musée du cheveu (« Museo di Pels ») qui raconte l’histoire du métier de ramasseurs de cheveux, largement répandu dans cette localité à une époque où cette matière première était essentielle pour la fabrication des perruques. Côté restauration, l’auberge de la Locanda di Elva et ses 70 couverts accueille du monde et sert une cuisine italienne traditionnelle généreuse.

© Vincent Girard
  • Col de Pian del Re

On est où ?

On reste dans le Piémont italien pour ce col situé à une dizaine de kilomètres à vol d’oiseau de celui de Sampeyre cité plus haut. Mais d’une vallée à l’autre, il faut 1h30 de voiture et 70 km pour aller de Sampeyre à Pian del Re. Au sommet, on se trouve à moins de deux kilomètres de la frontière franco-italienne.

Quelle difficulté ?

Là aussi , les cyclistes ont face à eux une belle grimpette de 1366 mètres de dénivelé positif. Une montée de 19 kilomètres de long qui emmène jusqu’à 2 020 mètres d’altitude avec une pente moyenne de 7.2% et des passages à 12% pour les portions les plus exigeantes.

Comment on l’a vécu ?

Changement de météo ce jour là pour affronter ce col caché dans les nuages et que l’on ne distinguait donc pas depuis notre départ de Saluzzo. Cette ville d’un peu moins de 20 000 habitants est un point de ralliement parfait pour les cyclistes et dispose de toutes les commodités nécessaires pour rayonner en deux-roues sur les hauteurs. Une quarantaine de kilomètres séparent Saluzzo du sommet du col. Les pourcentages sont très progressifs et la circulation de voiture de moins en moins dense au fil de la sortie. Le col était fermé aux voitures ce jour-là à partir de Crissolo à proximité de la Sala delle Guide. Restait alors 9 km et 690 de D+ à parcourir jusqu’au refuge de Pian del Re, là où la route se termine. À l’image du Col de Sampeyre, le bitume laisse à désirer sur certaines portions et il faut être prudent en descente.

© Vincent Girard

Comme en 1991 et 1992 lors du Giro d’Italia qui emprunta ce col deux années consécutivement, le brouillard est là aussi présent et il faut s’attendre à rencontre souvent ce genre de condition. Tout au long de la montée, on longe les hameaux de Serre, Borgo et Serre Uberto, on sillonne entre les feuillus et les pâturages. Le paysage est rude et imposant, comme la longueur de ce col. On longe également les sources du Pô, le plus long fleuve d’Italie, en se dirigeant sur la partie finale à la tourbière de Pian del Re. Au sommet, la quiétude du lieu (en forme de cul-de-sac hormis pour les marcheurs pour qui peuvent poursuivre jusqu’à la frontière) permet d’apprécier l’environnement à 2000 mètres d’altitude. Puis c’est la descente et le retour jusqu’à Saluzzo. L’occasion de frôler avec ses records de vitesse (85 km/h de notre côté) sur une portion finale en ligne droite qui bénéficie pour le coup d’une route refaite il y a deux ans.

 
 
 
 
 
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Une publication partagée par Alex Belletti (@bellettialex)

On fait quoi après le vélo ?

On ne loupe pas la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption qui trône au centre de Saluzzo. Difficile de passer à côté avec sa façade en briques rouges et en plâtre. Mais c’est surtout son architecture intérieure qui fait de cette église du XVème siècle un spot à voir si vous passez dans le coin. Composée de trois nefs, de plusieurs autels secondaires et d’œuvres d’art remarquables, elle en impose avec ses riches décorations qui remplissent le plafond et chaque colonne de l’édifice. L’orgue est magnifique tout comme l’autel avec ses onze statues en bois.

© Vincent Girard

Retrouvez toutes les informations sur la Tournée des Grands Cols sur le site de l’office de tourisme du Queyras.