Kilian Bron sublime la Suisse dans son dernier projet « Switzerland Paradise »

Kilian Bron vient de dévoiler sa dernière grosse production dans laquelle le rider Private Sport Shop nous emmène sur certains des plus beaux spots de Suisse.

Après le Mexique et sa vidéo « Colors of Mexico », Kilian Bron est de retour sur le vieux continent. Pour son projet « Switzerland Paradise », le Français est donc parti en Suisse sur des spots aussi diversifiés qu’un glacier, une chute d’eau ou les singles de rêves sur les arrêtes des montagnes helvètes. La Suisse, Kilian s’y rend chaque saison pour de petites séjours afin d’explorer les immenses possibilités de ride qu’offre ce pays. Mais ici, c’est dans le cadre d’une de ses fameuses vidéos qu’il a passé plusieurs jours sur place pour parvenir au résultat ci-dessous.

Pour cette dernière production réalisée en partenariat avec Tissot, Kilian commente ci-dessous certaines des plus belles photos prises lors du tournage. Ces clichés ont été immortalisés par les photographes Matieu Ruffray (de Pagno Visual) et Tristan Shu, dont on vous parlait dans notre article sur les meilleurs photographes de sport outdoor.

credit @pango

« Ma passion pour les glaciers s’est construite depuis nos aventures autour du Mont Blanc, en 2015. Je repense à une sortie particulière avec mon pote Antoine Montegani. Le même Antoine qui me guidait et m’épaulait ensuite pour les repérages de notre trip impressionnant dans les Dolomites en Italie. Depuis, je repense à ces moments et tous les glaciers me fascinent. Quand je roulais à Zermatt pour l’une des étapes de la coupe du monde d’enduro, le glacier à côté du départ de la première spéciale me tapait dans l’œil. Je dois vous avouer avoir été plus concentré en m’imaginant rouler là-bas plutôt que sur mon run de course…

credit @pango

Dans la continuité et la logique du glacier, nous souhaitions absolument trouver une grotte de glace digne de ce nom. Et comme d’habitude, ce n’était pas une mince affaire ! Comme des œuvres éphémères, ces tunnels de glaces fondent et disparaissent. Durant une courte période de l’année, certains sont tapissés de neige au sol.

Le vent et autres coulées de neiges viennent recouvrir les rivières qui s’y écoulent normalement à l’intérieur. En quelques mots, je roule dans un tunnel de glace. Mais dessous, il y a encore une autre cavité où la rivière s’écoule… Pour être retourné sur les lieux deux mois plus tard, ça n’avait rien à voir !

credit @pango

Ça me rappelle notre trip au Chili il y a trois ans maintenant. Nous avions approché un glacier en direction du Volcan Pucon en trouvant une arche naturelle. Quelques mois plus tard, en regardant une vidéo récente de la même zone, il n’y avait plus rien…

credit @pango

Sur le réputé Europatrail se trouve la plus grande passerelle himalayenne du monde. Un immense pont de 400 mètres, qui schinte une ancienne traversée dangereuse en contrebas. J’étais parti en repérage quelques semaines avant le tournage pour m’assurer que tout fonctionne le jour J. C’est parfois délicat d’emmener les gars avec moi sur une zone méconnue. Il nous arrive de faire des marches d’approches de plusieurs heures avant de filmer un seul et unique spot…

Et quand il s’agit d’une mauvaise surprise, c’est toute une journée qui passe à la trappe. La météo étant déjà suffisamment capricieuse sur les sommets en montagne, ce serait une perte de temps de cumuler ce genre de journées, au-delà du fait de démotiver toute l’équipe. C’est aussi l’une des raisons pour laquelle ces vidéos me prennent souvent une année complète à réaliser. Entre la recherche de spots, de concepts, de partenaires, des repérages jusqu’au montage de l’équipe média et à la diffusion complète du projet, il se passe beaucoup de temps !

Pour dévoiler quelques secrets de tournages, les repérages m’ont ici permis de prévoir un cintre supplémentaire recoupé dans le sac à dos, à 740mm. C’est à dire que j’avais 1,5cm de marge supplémentaire sur chaque côté pour rouler plus vite et plus sereinement sur cette étroite passerelle, large d’environ 850mm. Pour toutes les autres prises, hors passerelle, il me suffisait de changer à nouveau mon cintre par celui d’origine, coupé à 770mm.

credit @tristanshu

L’enchainement des images de la vidéo suit « le fil de l’eau ». Je m’élance depuis le sommet de Glacier 3000 avant de dévaler les glaciers, les grottes de glaces, puis les alpages et différentes vallées du pays. Sur ma route se trouve ce barrage, certes artificiel, mais qui devient un terrain de jeu comme tous les autres. Ces édifices font partie du paysage Suisse et mieux qu’une simple traversée, je préfère m’en servir comme un immense wall ride. Dans toutes nos vidéos, je m’efforce à ne jamais tracer de variantes ou modifier le terrain qui s’offre à nous. Tout est question d’adaptation, quitte à rendre ma trace plus technique et moins fluide qu’elle aurait pu l’être avec quelques coups de pelles.

À vrai dire, j’aime rouler tout ce qu’il y a de plus technique, en y trouvant du flow à ma manière. Quand nous n’avons pas le choix, il est facile de « tricher » pour quelques photos, où 2 mètres me suffisent pour rouler. En revanche, c’est plus difficile à faire en shooting vidéo, et ça n’a pas de sens ! Pour finir cette parenthèse, je pouvais m’élancer depuis le haut du barrage, en suivant sa diagonale sur une quarantaine de secondes. Mais impossible de dropper depuis le haut ou bien d’imaginer un wall ride continu de haut en bas, ce serait suicidaire.

credit @pango

Dans la continuité des barrages, nous longeons les rivières ou suivons les bisses, nombreuses dans le Valais. Une bisse est un long canal d’irrigation conduisant l’eau en flanc de montagne jusqu’aux terrains cultivés. Pour la plupart, un trail s’ajoute à ce canal et permet de connecter plusieurs de nos descentes entres elles. C’est aussi le genre de chemin parfait pour une sortie all-mountain ou même Gravel.

Sur l’un des versants de Crans Montana, l’une de ces bisses se glisse sous la cascade. Elle la contourne par une cavité, qui forme naturellement un joli virage relevé. Hors de question de passer à côté de ce magnifique endroit. Et c’est l’occasion idéale pour tester des prises de vues originales avec Pierre, aux commandes de son drone FPV.

credit @tristanshu

Ces sentiers alpins Suisse m’ont donné du fil à retordre. Les plus difficiles sont caractérisés par des indications bleues et blanches dans tout le pays. Parfois, certains peuvent se rouler en intégralité à la descente. Mais inutile de parler de la montée… Peu importe le balisage, la quasi-totalité des sentiers de montagnes que nous parcourons en descente sont impraticables dans l’autre sens !

Comme je l’indiquais dans une autre rubrique, j’essaie dans la mesure du possible de repérer tous ces endroits avant de filmer. Mais le temps me contraint souvent, comme les saisons. 2500m, c’est l’altitude moyenne à laquelle toutes les images que vous voyez ont été prises. C’est à dire que les repérages peuvent s’effectuer au mieux à partir de début juin.

À cette même période, je m’entraine en parallèle pour mes objectifs de course pour la Mountain Of Hell ou la Megavalanche. C’est aussi à ce moment où la plupart des events sont organisés et il y a des choix à faire.

credit @tristanshu

Les sommets et crêtes sont les endroits les plus visuels et ceux que tu apprécies le plus après des heures de labeurs. On me pose souvent la question mais dans 95% des cas, il n’y ni télésiège, 4×4 ou hélicoptère pour emmener l’équipe au sommet de chaque spot. La plupart du temps, nous montons à pied. Quand le spot mérite d’y passer plusieurs heures, quitte à cumuler un coucher + lever de soleil, nous prévoyons de quoi camper en plus du vélo et du matériel vidéo.

C’est toute une logistique avant d’obtenir ce que nous avons en tête. En Suisse, nous avons eu la chance de profiter de quelques magnifiques refuges, ouverts en été. Au-delà de profiter pleinement de la montagne, ça nous enlève la contrainte supplémentaire de la gestion de la nourriture et de l’eau. Ces refuges deviennent nos camps de bases et sont toujours des endroits propices aux rencontres.

credit @pango

Dessinées et lissées depuis des milliers d’années par les glaciers, ces immenses dalles sont un de mes terrains de jeux favoris ! De loin, rien ne semble praticable sur un vélo… Mais après des heures à se balader de rochers en rochers, nous parvenons à trouver une longue ligne naturelle avec une vue imprenable sur le Matterhorn. »