Comment Patagonia veut aider à préserver un glacier à La Grave

Alors que la mairie de La Grave et la société concessionnaire envisagent de remplacer un téléski sur le glacier, un collectif de citoyen milite pour l’abandon du projet. Soutenue par Patagonia, cette solution alternative privilégie de rendre la zone à la nature.

Après le lancement de sa campagne BackCountry Touring (voir plus bas), Patagonia dévoilera en décembre le film « Vanishing Lines » dans lequel on découvre les enjeux autour du combat mené notamment par les ambassadeurs snow de la marque Mitch Tolderer et Lena Stoffel contre l’expansion du domaine skiable sur le glacier de Pitztal en Autriche (voir le trailer du film ci-dessous). 

Cette problématique locale résonne également en France et plus particulièrement à La Grave où le glacier est aussi au centre des attentions concernant son exploitation pour la pratique du ski alpin. Niels Martin, acteur au sein du collectif « La Grave Autrement », nous explique les enjeux dans cette station des Hautes-Alpes.

Le contexte spécifique à La Grave

« Il faut savoir que La Grave n’est pas une station classique. On a un téléphérique construit initialement pour l’été dans les années 1970 qui s’est progressivement mis à ouvrir l’hiver. Mais il n’y a jamais eu spécifiquement de piste tracée sous le téléphérique. Ceux qui skient ici l’ont donc fait en hors-piste depuis toujours. Aujourd’hui, on a une clientèle qui vient spécifiquement à La Grave pour le hors-piste. L’été, on a une clientèle davantage composée de personnes qui viennent là pour observer le panorama ainsi qu’une petite clientèle d’alpinistes. »

« Le téléphérique est en deux tronçons qui amènent de 1500 mètres d’altitude à 3200 au col des Ruillans, située au pied du glacier de la Girose. Sur ce glacier a été construit en 1986 un petit téléski assez rudimentaire qui a permis de tracer des pistes de ski à partir de 3 600 mètres. Donc l’été, ce tronçon ne fonctionne évidemment pas. Aujourd’hui, ce petit téléski est complètement obsolète, le glacier fond et cette remontée mécanique n’est plus adaptée à la hauteur du glacier. »

Deux visions opposées

« Aujourd’hui, il y a donc deux manières de voir l’avenir pour ce téléski. L’une consiste à vouloir le remplacer pour faire un troisième tronçon du téléphérique afin de continuer à aller à 3600 mètres. L’objectif de ce projet est économique, car ça va apporter une clientèle supplémentaire, notamment l’été. D’autre part en termes de gestion de la fréquentation, faire un troisième tronçon sur le téléphérique permet d’éviter un embouteillement sur les deux premiers. Ce projet coûterait 14 millions d’euros dont 4 millions d’argent public. »

« Avec le collectif « La Grave Autrement, nous défendons une autre vision, à savoir démonter le téléski et ne rien mettre à la place en laissant cet espace vierge. On estime que la clientèle qui vient l’hiver est surtout intéressée par le hors-piste et ne cherche pas forcément des pistes damées. En 2021, raboter un glacier pour tracer une piste de ski sur un glacier, c’est un peu désuet. On milite pour améliorer l’arrivée actuelle à 3200 mètres où on est déjà sur un site exceptionnel, à 30 mètres du glacier avec une vue incroyable. C’est aussi un point de départ de courses d’alpinisme faciles, idéales pour l’initiation et la formation, ce qui est évidemment plus intéressant pour les alpinistes sans téléphérique au-dessus de leur tête. »

« À l’heure actuelle, la mairie a refusé d’entendre nos arguments. On cherche aujourd’hui à démontrer que notre idée est pertinente. C’est pourquoi on a lancé une campagne de crowdfunding qui nous a permis de financer une étude par un cabinet indépendant est en train de faire un diagnostic du territoire, puis évaluera notre proposition ainsi que celle proposée par la mairie et le concessionnaire. Le cabinet peut tout à fait prouver que l’on a tort, mais on est confiant. L’étude est actuellement en cours, on attend les premiers résultats au printemps 2022. Si l’étude va dans notre sens, on aimerait que les deux projets soient proposés à la population locale qui n’a d’ailleurs pas été associée à la décision prise par la Mairie. »

Comment Patagonia s’implique sur ce dossier :

« Patagonia nous aide à médiatiser cette problématique à La Grave. La marque a aussi été utile pour nous permettre d’aller au bout de notre campagne de crowdfunding. Il nous manque encore une petite partie du financement pour la deuxième tranche de l’étude. On a donc fait une demande de subvention via 1% for the Planet. Un programme dans lequel Patagonia est engagé depuis longtemps. »

La campagne BackCountry Touring de Patagonia :

A travers sa gamme de vêtements dédiés au ski de randonnée, Patagonia vise à impliquer les pratiquants dans leur choix d’une tenue de ski de randonnée plus durable, permettant ainsi d’utiliser les équipements plus longtemps. Préserver notre terrain de jeux fait partie de nos responsabilités en tant que pratiquant et « consommateur » de sports d’hiver.

1% for the Planet :

« 1% for the Planet » a été créé par Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia en 1985. Ce mouvement désormais mondial porté par des entreprises consiste à consacrer 1% de son chiffre d’affaires à la protection et la restauration de l’environnement. « À ce jour, nous avons reversé plus de 89 millions de dollars en espèces et en nature à des associations environnementales américaines et internationales menant des actions militantes sur le terrain » précise ainsi Patagonia.