Tournée des Grands cols : À l’assaut des cols de légende du Queyras

Cet été, les Hautes-Alpes ont réservé certains de leurs cols mythiques aux cyclistes en fermant la route aux voitures. We Rock Sport était sur place début juillet pour se confronter aux cols des Hautes-Alpes. Après la première partie de notre article sur les cols italiens, découvrez le deuxième volet ci-dessous sur les cols français du Queyras.

Après les ascensions du Col de Sampeyre et du Col de Pian del Re en Italie, la France proposait à son tour cet été, des ascensions réservées aux cyclistes. Ceux du Galibier et du Granon raisonnent évidemment facilement à l’oreille des passionnés de vélo. Et que de dire de l’Izoard dans le Queyras, monument du Tour de France que We Rock Sport a gravi le 7 juillet dernier, en compagnie de centaines d’autres cyclistes. Au menu, un effort de presque 20 km et 1 094 mètres de dénivelé positif, menant à des paysages sublimes dont la célèbre Casse déserte.

Col de l’Izoard

On est où ?

L’Izoard. Voilà un col mythique du Tour de France. Ce dernier relie le Queyras au Briançonnais, les vallées du Guil et de la Cerveyrette sur une route construite il y a plus d’un siècle (1897). L’Izoard culmine à 2 360 mètres d’altitude et fait probablement partie des cinq plus belles ascensions des Alpes. Le Tour de France est passé à 36 reprises sur ces routes.

Quelle difficulté ?

1 094 mètres de dénivelé positif, 6,9% de moyenne et des passages à 12,3%. Voici pour les chiffres de ce col quand il est emprunté depuis Guillestre dans le Queyras (31 km de distance). Ce versant sud est le plus difficile. C’est d’ailleurs ce passage que nous avons emprunté, mais il est également possible de le faire depuis Briançon sur son versant nord avec une ascension de 19 kilomètres environ pour une pente de 6 % en moyenne, 9 % pour le maximum, et 1 185 mètres de dénivelé.

© N Lancelot – OTGQ

Comment on l’a vécu ?

Alors que l’affluence était plutôt raisonnable en Italie, c’est une marée de vélos qui nous accompagne ce dimanche 7 juillet sur les pentes de l’Izoard. Les cyclistes sont toujours nombreux à venir affronter ce géant des Hautes-Alpes, mais la route fermée de 9h à midi a encore attiré davantage de deux-roues. La qualité du revêtement est bien présente et fait honneur à ce col qui emmène notamment dans le paysage désertique de la Casse déserte. C’est probablement le passage le plus connu de l’Izoard, moins pour sa difficulté que pour ses paysages grandioses qui méritent de mettre pied à terre pour admirer cet environnement lunaire. Cette zone sans végétation, composée d’éboulis et de cargneules jaunâtres (une roche sédimentaire carbonatée) offre un spectacle fascinant auquel on fait face à la sortie de la forêt, à deux kilomètres du col versant sud.

© N Lancelot – OTGQ

Porte d’entrée du Parc Naturel Régional du Queyras, l’Izoard se mérite et il faut savoir gérer la longue ascension pour rejoindre les stèles de Louison Bobet et Fausto Coppi (photo ci-dessus). Arrivée en haut, on profite du panorama avec la vue imprenable sur le massif des Écrins et le Pelvoux, le Queyras, les Alpes suisses et la Savoie. Le mont Blanc et le mont Viso peuvent aussi se voir depuis le sommet qui culmine à 2363 mètres d’altitude. À noter que l’Izoard n’est pas accessible en voiture entre novembre et mai-juin, entre les hameaux de Brunissard, sur la commune d’Arvieux, et Le Laus, sur la commune de Cervières. Le col fait partie de l’itinéraire de traversée des Alpes : la Route des Grandes Alpes.

© Vincent Girard

On fait quoi après le vélo ?

Pourquoi ne pas déjà faire une halte au refuge Napoléon qui se trouve tout proche du sommet à 2 290 mètres d’altitude ? La cuisine propose évidemment des spécialités de montagne et notamment d’excellentes tartes. Côté visite, on pourra faire un passage par le Fort Queyras posé sur son éperon rocheux (1384 m) qui trône dans la vallée en amont des gorges du Guil depuis 800 ans. Construit à l’origine comme un château médiéval, il a été transformé en forteresse bastionnée par Vauban.

 
 
 
 
 
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Ensuite, direction l’Enduro Park du Queyras, un petit bike park situé à Abriès et doté d’une seule remontée mécanique et de quatre descentes que l’on a pu tester le temps d’un après-midi. Le site est parfait pour débuter dans la discipline (un loueur de VTT est situé près du télésiège) mais propose néanmoins une piste noire réservée aux vététistes expérimentés. Et si vous voulez pousser plus loin l’expérience en VTT, la Grande Traversée des Hautes-Alpes propose un itinéraire de 350 kilomètres entre La Grave et Laragne. Côté bike parks, vous avez le choix avec 15 spots différents dans les Hautes-Alpes dont ceux des Orres, de Serre Chevalier, de Vars ou de Puy Saint-Vincent. Côté trail, le Queyras est évidemment une région propice à la discipline comme le prouve notamment le parcours du Grand Raid du Guillestrois-Queyras. On a d’ailleurs croisé les concurrents de cet ultra (166 km et 11 000 D+) lors de notre séjour sur place.

© G Vallot – OTGQ

Col Agnel

On est où ?

On reste dans le Queyras avec le Col Agnel qui fait office de frontière entre la France et l’Italie. Cette ascension emmène jusqu’à 2 744 mètres d’altitude, soit le deuxième plus haut col routier des Alpes Françaises juste derrière le col de l’Iseran (2 764 m).

Quelle difficulté ?

Ce col n’a peut-être pas la réputation de l’Izoard, mais propose un joli challenge sur 1 364 mètres de dénivelé positif, une pente à 6,6% et des passages jusqu’à 12,8%. Sur un peu plus de 20 km depuis Château-Ville-Vieille.

© N Lancelot – OTGQ

Comment on l’a vécu ?

Français et Italiens sont passionnés de vélo et il suffit de se poser au sommet du Col d’Agnel pour s’en rendre compte. Ce jour-là, la route est donc à nouveau fermée aux voitures et ça parle les langues des deux pays tout en se régalant avec le ravitaillement généreux servis par les offices de tourisme français du Queyras et italiens de Terres Monviso. Concernant le col en lui-même, ce hors-catégorie peut piquer, surtout après le dénivelé positif déjà accumulé les derniers jours. On l’attaque donc prudemment, même si en le prenant côté français, la pente est nettement moins sévère que côté italien (au départ de Casteldelfino). On pédale le long de la petite rivière de L’Aigue Agnelle. La route est très correcte et s’il n’y a pas autant de cyclistes que sur l’Izoard, cette « Tournée des Grands cols » a aussi attiré de nombreux deux-roues.

© Vincent Girard

Le Col Agnel a été emprunté autant par le Tour de France (2008 et 2011) que par le Giro d’Italia (1994 et 2016). Au sommet, un monument en bois rend d’ailleurs hommage à Michele Scarponi qui était passé en tête sur ce col en 2016 lors de la 19e étape du Tour d’Italie. Le cycliste transalpin avait attendu dans la descente son leader Vincenzo Nibali, finalement victorieux ce jour-là. Pas d’ombre sur la majeure partie de la montée. En juillet, le soleil tape fort, mais l’altitude atténue le ressenti et on enfile d’ailleurs vite la veste une fois arrivée au sommet à 2 744 mètres d’altitude. La vue sur le versant queyrassin sur Molines est magnifique et on contemple le col et ses nombreux lacets que l’on vient d’emprunter. De l’autre côté, il ne faut faire qu’une dizaine de mètres pour contempler l’Italie. Là-haut, les bouquetins sont souvent présents et ne soyez pas surpris d’en croiser lors de votre montée. Quelques paquets de neige sont encore présents. Le col n’est d’ailleurs ouvert que de juin à octobre. Arrivé en haut, on retrouve les cyclistes transalpins qui viennent de terminer la rude montée côté italien. Ça parle fort, ça se prend dans les bras et ça mange bien, avant que chacun redescende sur son versant. La France d’un côté, l’Italie de l’autre.

© N Lancelot – OTGQ

On fait quoi après le vélo ?

Comme pour le col de l’’Izoard, un seul refuge permet de se restaurer à ces altitudes. Celui d’Agnel, côté français, est situé avant le dernier raidillon et accueille les randonneurs et les cyclistes. C’est un point de passage obligé pour ceux qui font le Tour du Queyras. Et même si vous avez déjà votre casse-croûte, vous pourrez profiter de la terrasse du refuge si vous prenez l’un des (excellents) desserts proposés à la carte. Côté activités, le coin est évidemment propice aux sorties nature, à l’image du rafting, kayak et canyoning dans les torrents, lacs et rivières de la région. On peut aussi opter pour une activité plus calme grâce à la pureté du ciel des vallées du Queyras et des villages du Guillestrois. L’occasion par exemple d’aller passer une nuit à l’Observatoire de Saint-Véran. Et la qualité du ciel se vérifie également sur son aérologie, idéale pour un baptême en planeur ou en parapente. Enfin, on notera que le Col Agnel sera à nouveau fermé aux voitures le matin du 1er septembre prochain. L’occasion de goûter aux joies de ce col des Hautes-Alpes et de profiter encore une fois des beautés du Queyras.