Peaux de phoque, poudreuse et sécurité avalanche aux Contamines

En partant du domaine skiable des Contamines, un spot magique pour le ski de randonnée s’étend face au Mont-Blanc. On a eu l’opportunité d’y passer deux jours, entre montées avec les peaux de phoque, nuit au Refuge des Prés à 1935 mètres d’altitude et descente dans la poudreuse abondante des grands espaces du Val Montjoie.

Réputée pour l’excellent enneigement de son domaine skiable, la station des Contamines aura mis une nuit à nous révéler ses plus beaux atouts après être arrivés sous la pluie en soirée. Un sommeil réparateur au Chalet Nant Rouge (joli gîte spacieux récemment rénové par les prioritaires Carole et Alexandre et situé au pied des pistes) et nous nous réveillons quelques heures plus tard sous le spectacle grandiose d’une neige tombée en abondance pendant la nuit. Les arbres parés de blanc et la vue sublime sur les Dômes de Miage achevant de compléter ce tableau hivernal, synonyme d’appel à la découverte et d’aventure sur les sommets du Val Montjoie.

© Les Contamines Tourisme

Les Contamines, c’est un village du Pays du Mont-Blanc, dont le domaine skiable de 120 km de pistes offre un joli terrain de jeu sur 48 pistes tracées entre 1200 mètres et 2500 mètres d’altitude. Si le ski alpin reste la discipline majeure de la station, l’environnement offre la possibilité de nombreuses autres activités dont le ski de randonnée, très pratiqué ici. Après avoir emprunté le télésiège de la Bûche Croisée, on laisse déjà tomber une couche car le soleil tape fort sous ce grand ciel bleu. Et tant mieux. Le paysage est magnifique sur les sommets environnants et la belle quantité de neige tombée ces 24 dernières heures nous permet de faire la trace dans une poudreuse abondante.

© Les Contamines Tourisme

Devant, le guide Ludovic montre la voie. Comme souvent en ski de randonnée, il est conseillé de partir accompagné. Les guides de la compagnie des Guides des Contamines proposent tous types de sorties dans les grands espaces de la réserve naturelle des Contamines. Que ce soit en initiation ou pour les experts, tous les niveaux sont proposés ici et les itinéraires peuvent être adaptés en fonction du désir de chacun. La sécurité étant primordiale en montagne, notamment sur ce genre de sortie en hors-piste, rien ne sert de s’improviser expert là où le danger n’est pas toujours bien mesuré par les novices. Dès le départ, notre guide nous explique les traces à éviter, celle que l’on voit notamment un peu plus haut dans la montagne et qui sillonnent dans des pentes à plus de 30°, susceptibles de déclencher plus facilement une coulée. Il suffit d’ailleurs de lever la tête pour voir qu’une trace sombre d’une trentaine de mètres de large a déjà décroché il y a quelque temps, exactement là où des traces de ski de randonnée se dirigent. Prudemment, on reste de notre côté en contrebas et le paysage n’en est pas moins enchanteur.

© Vincent Girard

Progressivement, chacun trouve son rythme et les écarts se font naturellement. Ludovic fait la plus grosse partie du travail en ouvrant la trace et en damant de grosses quantités de neige. « Inutile de vouloir me coller absolument » explique-t-il. « On est là pour contempler, profiter de la montagne et se faire plaisir. Si vous voulez rester dans votre bulle, libre à vous, c’est le bon moment pour le faire. » Plutôt doux au départ, les pourcentages s’accentuent au fil de la sortie. L’occasion de progresser dans nos conversions sur les plus fortes pentes. Ce mouvement permet de changer de direction facilement et d’éviter de devoir attaquer de front la montagne sur de trop forts pourcentages de pente. Juste avant de basculer dans le domaine de la Réserve naturelle nationale des Contamines-Montjoie, on atteint le point le plus haut de notre sortie vers le col de la Cicle. De là, une première descente dans la poudreuse permet de savourer cette glisse caractéristique qui nécessite évidemment une autre technique que sur les pistes damées des stations. Les conseils de notre guide ne sont pas de trop pour perfectionner le mouvement et profiter pleinement de cette poudreuse de rêve. Une neige que l’on finira par venir tâter d’un peu trop près avec quelques chutes, mais sans gravité, étant donné l’épaisseur de la peuf.

© Les Contamines Tourisme / Soren Rickards

Une fois les peaux remises, on remonte au niveau du Col de la Fenêtre, passage très connu autant en hiver qu’en été. À 2 245 mètres d’altitude à la limite des départements de la Savoie et de la Haute-Savoie, le panorama est fantastique avec une vue parfaite sur le Mont-Blanc et les sommets environnants à 360° dont le glacier de Tré-la-Tête et les montagnes du Beaufortain. Le temps de se redonner des forces, on croise plusieurs autres groupes de skieurs alpinistes. Certains s’engagent dans des couloirs où l’on ne poserait pas un ski. Mais pas de problème de notre côté en attaquant la descente par le col de la Fenêtre, plus facile, même si la première partie nécessite de bien étudier la pente pour éviter de se faire emporter par le dénivelé. La suite est une descente de rêve jusqu’au refuge des Prés où les progrès en poudreuse se font ressentir.

Arrivés au refuge des Prés, notre guide Ludo nous propose un exercice de recherche de victime d’avalanche. Dans le sac, pelle à neige et sonde nous ont accompagnés toute la journée et le DVA (détecteur de victimes d’avalanches) était sanglé autour de la poitrine (attention à ne pas laisser le téléphone portable près du DVA pour ne pas perturber le signal). Si ce matériel de sécurité est désormais globalement adopté par une majorité de skieurs alpinistes, il n’est jamais inutile de se remettre en tête les bons gestes à réaliser en cas d’avalanche et la procédure à adopter lors de la recherche de victime. Après avoir caché son sac dans la neige dans lequel il a placé son DVA, Ludo nous explique comment bien se servir de notre détecteur de victimes d’avalanches. Premièrement, progresser en S ou en Z jusqu’à obtenir le premier signal (ce qu’on appelle la recherche primaire). Une fois ce dernier acquis, on suit la flèche indiquée sur l’écran de son DVA pour se rapprocher au plus près de la victime (la recherche secondaire).

Arrivé à un ou deux mètres de la zone indiquée, une recherche en croix permet d’affiner la précision de la recherche. C’est là qu’il faut alors sortir la sonde pour définir la position exacte et la profondeur de la victime. Le skieur ou le snowboardeur localisé, il va falloir dégager la victime avec l’aide de la pelle à neige. En priorité, lui ouvrir les voies respiratoires. En exercice, la manœuvre complète prend déjà bien cinq minutes. « En conditions réelles, le stress et l’urgence de la situation rajoutent évidemment un facteur supplémentaire qu’il faut savoir gérer » explique Ludo. « S’il est évidemment conseillé d’être efficace dans ses gestes, il faut aussi avoir du recul sur la situation comme par exemple se questionner sur l’utilité de remettre ou non les peaux. Si tu te retrouves à devoir faire ta recherche depuis le bas de l’avalanche, il vaut parfois mieux prendre une ou deux minutes pour remettre les peaux plutôt que de s’épuiser à remontrer sur la neige avec tes chaussures de ski aux pieds. »

© Les Contamines Tourisme

Une fois l’exercice terminé, on part se réchauffer dans le Refuge des Prés. Situé à 1935 mètres d’altitude, ce dernier dénote par rapport à la plupart des refuges des Alpes, plus rustiques et sommaires dans leur confort. Ici, à l’image de ce qui peut se faire en Autriche ou en Suisse, c’est la version grand luxe du refuge alpin. L’établissement est ouvert neuf mois à l’année, une rareté dans la région. Parfaitement situé en été sur les sentiers du Tour du Mont-Blanc, sur le GRP du Tour du Beaufortain et sur le nouveau Tour du Val Montjoie, il accueille l’hiver de nombreux skieurs venus contempler le coucher de soleil sur la chaîne du Mont Blanc.

© Les Contamines Tourisme / SRickards

30 personnes peuvent y dormir chaque nuit. Douche chaude, lavabos, local chauffé et ventilé pour les équipements, petits dortoirs en bois de quatre personnes, couettes, oreillers, repas faits maison avec des produits locaux (une fondue pour nous ce soir-là)… Le confort est à la hauteur dans ce refuge, ancien chalet d’alpage totalement reconstruit en 2021 et pour lequel une grande attention a été portée sur le captage des sources d’eau potable, le traitement des eaux usées et l’énergie utilisée (gaz et panneaux photovoltaïques). Mais gare à réserver en amont, car l’emplacement s’est déjà fait une belle réputation et les demandes affluent pour profiter du cadre magique de l’une des plus grandes réserves naturelles de Haute-Savoie (5500 hectares).

© Les Contamines Tourisme / SRickards

Le lendemain, après une nuit réparatrice et un petit-déjeuner pris au lever du jour, on attaque avec les peaux pour une petite montée suivie d’une descente dans la poudreuse qui met bien en jambes. Une neige légèrement plus dure qu’hier ne tarde pas à me rappeler mes limites techniques dans ces conditions. Je pars en avant et fait un beau vol plané, mais l’atterrissage se fait toujours en douceur. La chute est finalement moins un problème que le fait de devoir se relever dans ces conditions. Le sac sur le dos et les appuis précaires dans cette poudreuse rendent la manœuvre très énergivore.

Ensuite, c’est par la voie romaine menant jusqu’à la jolie chapelle Notre-Dame-de-la-Gorge que l’on attaque une descente de presque 6 km sur 800 mètres de dénivelé négatif. Un itinéraire populaire passant par le chalet de la Balme et sur lequel on croise de nombreux skieurs et randonneurs en raquettes. Souvent en glace vive, cette voie romaine offre surtout un tracé idyllique et très joueur dans la forêt. Sur ce secteur, à la montée, crampons et couteaux sont vivement conseillés pour pouvoir traverser certains passages verglacés. De notre côté, en descente, nous aurons finalement mis les skis sur le sac à dos lors du dernier kilomètre seulement, profitant d’un petit passage à faire à pied dans les bois, impossible à trouver sans l’œil expert de notre guide Ludo.

© Les Contamines Tourisme / Gilles Lansard

On termine la journée au pied de la chapelle Notre-Dame-de-la-Gorge (photo ci-dessous). Selon la légende, c’est là qu’un ermite se serait installé dès le Xe siècle afin d’offrir un abri aux voyageurs qui venaient ou partaient en Italie via le col du Bonhomme. Un périple dont on imagine alors les conditions difficiles quand il était fait en hiver. 1000 ans plus tard, on continue de venir là. Plus vraiment pour faire passer des marchandises, mais plutôt pour admirer cet environnement naturel magnifique dont on espère qu’il sera encore longtemps protégé comme il l’est aujourd’hui.

© Vincent Girard

Information / Réservation :

Chalet Nant Rouge
132 chemin du Baptieu,
74170 Les Contamines-Montjoie
07 88 19 70 20
https://chaletnantrouge.fr/
contact@chaletnantrouge.fr

Bureau des Guides et Accompagnateurs des Contamines
18 Route de Notre-Dame-de-la-Gorge
74170 Les Contamines-Montjoie
04 50 47 10 08
http://www.guides-mont-blanc.com
contact@guides-mont-blanc.com

Refuge des Prés
06 61 86 50 43
https://www.lerefugedespres.com/fr/

 
 
 
 
 
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