Courir le marathon de Jérusalem, c’est la garantie d’un parcours unique passant à proximité des sites historiques de la capitale d’Israël. Le 17 mars dernier, ils étaient 40 000 à prendre le départ d’une des cinq distances au programme. We Rock Sport y était pour le 10 km.
Si le marathon de Jérusalem est encore jeune, la course de 42,195 km a bien grandi depuis sa première édition en 2011. Il y a 12 ans, 10 000 coureurs avaient pris le départ des cinq distances proposées par les organisateurs. Ce 17 mars 2023, ils étaient 40 000 participants à s’aligner sur le marathon, le semi, le 10 km, le 5 km et la Family Race (1,7 km). La veille déjà, on aperçoit plusieurs runneurs courir tranquillement dans la vieille ville, alors que des bar-mitsvah sont fêtées par des familles au pied des remparts de la vieille ville de Jérusalem. Le blanc est de rigueur pour cette fête qui célèbre le passage au statut de majorité religieuse des jeunes garçons juifs âgés de 13 ans. Sur le sol, les plats s’accumulent alors que la musique et les chants donnent une ambiance festive en cette veille de marathon.
S’il a plu lors de notre footing le premier jour de notre arrivée sur place, le soleil reprend ses droits au cours de la semaine. Le marathon devrait se tenir dans des conditions idéales avec une température de 15°C, parfaite pour courir. Si je m’aligne sur le 10 km de mon côté, le tracé de cette courte épreuve a tout de même prévu de nous faire passer par plusieurs lieux saints de la ville. Même principe pour le semi et le marathon où les coureurs n’auront qu’à lever la tête pour admirer tout ce qui fait la richesse de Jérusalem.
Située sur les montagnes de Judée, la capitale d’Israël propose par contre un dénivelé nettement plus important que la plupart des marathons des autres grandes capitales du monde. Chaque année, le tracé de 42,195km cumule entre 600 et 700 de D+. Autant dire que ce n’est pas ici que vous battrez votre record sur la distance, mais au moins, la course est loin d’être ennuyeuse et il faut savoir relancer (ou gérer) sur les nombreuses montées qui jalonnent le parcours.
Le jour J, j’arrive tôt pour m’imprégner de l’ambiance. Alors que le départ du 10 km est donné à 9h30, les meilleurs marathoniens sont déjà arrivés. C’est d’ailleurs le cas des vainqueurs kényans Kiprotich Noah Kigen en 2h18 chez les hommes et Njuguna Margaret en 2h52 chez les femmes. La foule est immense sur la zone de départ et la plupart des participants ont revêtu leur maillot rouge offert par les organisateurs. Si les départs sont souvent tendus sur les courses du même type en France, on sent clairement ici que l’ambiance est plus à la fête. Pas de recherche de chrono pour la plupart des participants, l’essentiel est de passer un bon moment avec ses amis et de rallier l’arrivée.
Je parviens à me faufiler sans peine parmi les premières lignes pour ne pas perdre trop de temps au départ dans la foule. Un DJ met l’ambiance et les participants chauffés à bloc répondent immédiatement en dansant et en chantant les derniers tubes du moment. À l’image de la ville, les coureurs sont juifs, musulmans ou chrétiens et sont majoritairement des locaux (10% des inscrits ne sont pas Israéliens). Côté sécurité, rien ne distingue cette épreuve de celle d’une autre capitale. L’ambiance est festive et les visages sont détendues, comme on pourrait l’être au départ du Marathon de Paris. Je ne suis d’ailleurs contrôlé que rapidement à l’entrée du site et ne croiserai ensuite que quelques policiers et militaires tout au long de la matinée.
Le départ est donné et je me mets immédiatement en rythme. Rapidement, je trouve des coureurs qui mènent un rythme sensiblement identique au mien. Je double vite le meneur d’allure qui porte le drapeau 50’ et me retrouve derrière celui indiquant 45’. Je me cale dans ses pas. Si je sais que je peux courir plus rapidement que 45’ au 10 km, j’ai bien observé le parcours et le dénivelé annonce une épreuve assez exigeante. Je joue donc la prudence et anticipe un chrono autour des 45 minutes. Après quelques centaines de mètres dans le Saker Park, le plus grand parc de la ville, les premiers dénivelés nous emmènent à la porte de Jaffa, ancien passage dans les fortifications de la vieille ville de Jérusalem. On aperçoit la Tour de David. Cette ancienne citadelle située au nord-ouest du quartier arménien a été érigée au IIème av J.C. et a été plusieurs fois reconstruite par les Romains, les Byzantins, les Arabes et les Ottomans.
Si le passage dans la vieille ville est bref sur ce 10 km (les autres courses ne resteront également qu’environ deux kilomètres dans cette zone), il permet de prendre le pouls de ce qui reste le cœur de l’une des plus vieilles cités au monde, divisée d’ailleurs en quatre quartiers : juif, chrétien, musulman et arménien. Plus tard, on aura d’ailleurs l’occasion d’y flâner plus longtemps pour aller voir les incontournables sites relatifs aux trois religions abrahamiques. On pense évidemment à l’esplanade des Mosquées (située sur le mont du Temple et qui comprend le célèbre dôme du Rocher et son toit doré ainsi que la mosquée Al-Aqsa), au Mur des Lamentations (premier lieu saint selon la religion juive et qui représente une partie du mur de soutènement de l’esplanade de l’ancien Temple de Jérusalem) ou encore l’église du Saint-Sépulcre (site chrétien le plus sacré de la vieille ville où sont commémorées la crucifixion et l’inhumation de Jésus).
Alors que la course se poursuit à un bon rythme, on repasse les remparts par la porte de Sion, toujours située dans le quartier arménien de la vieille ville. On aperçoit à gauche le sept dômes dorés en forme d’oignon de la superbe église orthodoxes de Sainte-Marie-Madeleine ainsi que le mont des Oliviers. Outre le fait que cette colline située à l’est de Jérusalem représente un lieu important pour les trois religions monothéistes (dont l’Ascension pour les Chrétiens), c’est aussi là que se trouve le plus grand cimetière juif au monde. Pour s’y rendre à pied, le chemin à fort dénivelé est exigeant mais la vue au sommet du mont des Oliviers vaut le détour. Le panorama sur la vieille ville y est sublime (voir ci-dessous).
Enfin, les derniers kilomètres de la course nous ramènent vers l’ouest en passant non loin du monastère de la Croix, l’immense musée d’Israël aux 500 000 œuvres et la Knesset (le parlement israélien). La foule de coureurs s’est étirée depuis longtemps sur les pentes menant à la vieille ville. Certains autour de moi finissent même par marcher. Je parviens de mon côté à rallier l’arrivée en courant, en terminant ce 10 km en 45’47’’ à la 88ème place sur 5 042 partants. Le tracé est exigeant mais le cadre exceptionnel de la capitale d’Israël en fait clairement une course unique au monde.