Energie citoyenne : Comment la guide de haute montagne Zoe Hart s’engage à Chamonix

Guide de haute montagne à Chamonix, l’Américaine Zoe Hart s’implique également localement au travers de l’association Mont-Blanc 2.0. Objectif : mettre en place un système de production d’énergie alternative baptisé « énergie citoyenne ».

Depuis 20 ans, Zoe Hart vit à Chamonix. Née aux Etats-Unis dans la banlieue du New Jersey, cette guide de haute montagne a élargi ses compétences dans la protection de l’environnement après avoir notamment obtenu une maîtrise en développement durable et gestion environnementale à Harvard. « Cette conscience écologique, je l’ai depuis longtemps au fond de moi » explique-t-elle. « Dans ma profession, je peux voir l’impact du changement climatique sur la fonte des glaciers notamment. On ressent également davantage les changements de températures avec un hiver plus froid et un été plus chaud. Ce sont aussi mes enfants qui m’ont fait comprendre à quel point il était important de leur léguer une planète en meilleur état. Je suis allée les faire marcher dès l’âge de 2 ou 3 ans sur les glaciers car on ne sait pas si ces sites naturels seront encore là plus tard ».

Afin de changer les choses à son échelle, Zoe s’est donc impliquée dans l’association Mont-Blanc 2.0 qui vise à mettre en place un projet autour de l’énergie citoyenne. « Le principe de l’énergie citoyenne, c’est la collectivité de mise en place de panneaux solaires sur les toits les mieux exposés de la vallée, qu’ils appartiennent à des collectivités, des entreprises ou des particuliers » précise Zoe. Aujourd’hui, un million de citoyens européens sont impliqués dans le mouvement d’énergie citoyenne construit sur le modèle des centrales villageoises. En France, plus de 300 coopératives citoyennes d’énergie renouvelable ont déjà vu le jour. Patagonia (qui travaille avec Zoe depuis plusieurs années) avait mis en avant ces initiatives de citoyens dans son film « We the Power » dévoilé en avril dernier et que vous pouvez regarder ci-dessous en intégralité. 

« L’énergie citoyenne est un excellent moyen de laisser un impact à long terme » ajoute Zoe. « Ça décentralise l’énergie, ça permet de multiplier les petits producteurs et ça nous évite de devoir traiter avec les grandes entreprises de production d’électricité. Contrairement à certains pays comme au Canada, on a l’opportunité en France de pouvoir revendre de l’électricité en tant que particulier, il faut en profiter. L’avantage est également qu’il n’y a pas besoin d’attendre les décisions des politiques pour lancer une telle initiative. Ça vient directement des citoyens eux-mêmes. Tout ça permet d’accélérer la transition énergétique ».

« Evidemment, c’est un processus qui prend du temps. Au début, on a commencé à travailler avec la ville de Chamonix qui voulait aussi mettre en place cette initiative. On a bossé en parallèle avec la Mairie, mais les élections municipales ont changé les choses. C’est à partir de ce moment-là qu’on a décidé de mettre en place en septembre dernier cette association Mont-Blanc 2.0. »

« Pour l’instant, on n’a pas encore posé de panneaux sur les toits car on bosse surtout sur la partie administrative du dossier qui est assez longue à mettre en place. Nous sommes tous bénévoles dans l’association donc il faut trouver du temps en dehors de nos activités professionnelles, de notre famille… On espère mettre en place les premiers panneaux photovoltaïques sur les toits au printemps. Mais avant ça, il faut trouver les toits en question, mobiliser les habitants épargnants prêts à investir dans ce projet, trouver les fournisseurs et obtenir des prêts bancaires. Sur tous ces aspects, on travaille avec Toits Des Cimes qui est le nom de la coopérative citoyenne de production d’énergie renouvelable dans la Vallée de Chamonix. »

Si le système vient des particuliers, les entreprises sont également sollicitées. « Pour elles, c’est un investissement rentable car à terme elles peuvent gagner de l’argent en produisant leur électricité après avoir placé ces panneaux sur leurs toits et en revendant le surplus » précise Zoé. « Mais il faut une vision à long terme car on parle d’une rentabilité sur 15 ou 20 ans. C’est ce que la Compagnie du Mont-Blanc est d’ailleurs en train d’étudier en ce moment pour voir les opportunités qu’il y a à faire là-dessus. »

Si vous voulez en savoir plus sur l’énergie citoyenne, Patagonia propose sur son site une page dédiée à ce mouvement. Et si vous souhaitez vous impliquer de votre côté, rendez-vous ici pour savoir comment rejoindre, investir ou créer une coopérative citoyenne d’énergie renouvelable.