À l’occasion d’une journée en mer au large de La Ciotat, We Rock Sport est monté à bord de Koesio, bateau de compétition barré par Erwan Le Roux. Engagé cette année sur les Ocean Fifty Series, le skipper s’apprête à confier la barre de son trimaran à Audrey Ogereau, qui était d’ailleurs à bord ce jour-là pour poursuivre sa progression sur ce multicoques. Objectif pour elle : participer en solo à la Route du Rhum 2026 sur ce même Koesio.
En longeant le port de La Ciotat, on le distingue déjà à l’horizon, posé sur la Méditerranée. En violet et blanc, il dévoile progressivement ses couleurs et la hauteur de son mât. L’Ocean Fifty Koesio est un bateau qui appartient à la classe des multicoques océaniques de 15 mètres (15,24 m de longueur sur 15,20 m de large). Un trimaran de compétition dont Erwan Le Roux est le skipper principal. On rejoint d’ailleurs le double vainqueur de la Route du Rhum après une liaison en zodiac qui nous amène sur ce superbe multicoque. Plus on s’approche, plus on prend conscience des dimensions du bateau et de son fuselage acéré. Pas de doute, on monte bien à bord d’un trimaran de compétition, constitué principalement de fibre de verre et de carbone.
Ce jour-là, ils sont trois sur l’embarcation. Erwan Le Roux et Audrey Ogereau qui se partagent la barre et Grégoire Aubert, responsable des dispositifs électroniques et des systèmes embarqués sur le bateau. Pour le team Koesio, la saison off a commencé après une année passée sur les Ocean Fifty Series. Ce championnat est disputé en cinq actes : une Transat Ouest-Est en Atlantique nord, trois grands prix et une traversée de la Méditerranée. L’épreuve repose sur un règlement qui vise à garantir un niveau de budget accessible aux entreprises qui investissent en tant que sponsors des bateaux. De son côté, Koesio peut se satisfaire d’une saison réussie, terminée à la deuxième place du général (sur 10 concurrents).
Une fois monté à bord, on remarque directement la présence d’un volant. Une innovation dont Koesio est le seul bateau à profiter dans la classe des Ocean Fifty. Il s’agit d’un volant à intelligence augmenté permettant de réduire le poids, mais surtout de placer le poste de barre face à la direction souhaitée (alors que le skipper est de profil quand il barre de manière traditionnelle). On a pu le tester l’espace d’un court instant et la sensation de pouvoir emmener avec précision le bateau exactement dans l’axe choisi est assez bluffante, tout comme la fluidité du système. Le temps de latence est quasi inexistant entre le moment où l’on tourne le volant et où le bateau change de cap.
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Après avoir pris nos marques à bord, on se pose à côté du cockpit, en poste d’observation privilégié du travail d’Audrey Ogereau qui ne va pas ménager ses efforts sur cette journée. La Française de 32 ans revient d’une saison chargée, elle qui est co-skipper d’Erwan Le Roux sur ce bateau depuis deux ans et a également participé à la Coupe de l’America féminine à bord de l’AC40 tricolore « Orient Express ». Si elle a évidemment déjà bien ses marques sur le trimaran Koesio, il s’agit sur cette semaine de novembre de s’entraîner en « faux solo » (Erwan étant toujours à bord, mais n’intervenant que pour de rares mais précieux conseils). Car dans moins de deux ans, c’est elle qui sera à la barre pour participer à la Route du Rhum 2026. La succession entre le Morbihannais et celle qui est installée à La Ciotat est donc enclenchée.
« Un projet comme ça, c’est incroyable » reconnaît Audrey Ogereau qui se pose enfin après une navigation de trois heures au cours de laquelle elle aura multiplié les manœuvres, changé des voiles, passée près des bouées indiquées par Erwan et mouliné à d’innombrables reprises la colonne centrale (également appelée à juste titre « moulin à café ») qui fait fonctionner les quatre winches permettant de démultiplier la traction exercée par la skippeuse sur les cordages utilisés pour contrôler la voilure.
« Le bateau est superbe et le circuit de courses auxquelles on participe est vraiment stimulant. Au début de mon aventure avec Erwan et Koesio, j’avais commencé avec des journées pour les partenaires, puis j’ai participé à des régates et Erwan m’a proposé de faire du double. Participer à la Route du Rhum était un rêve et ça devient désormais concret. Je vais continuer à apprendre auprès de lui comme on le fait ici à La Ciotat ».
Une femme aux commandes d’un grand multicoques, voilà qui est encore une rareté dans le milieu de la voile de compétition. « Sur le Vendée Globe, elles étaient six participantes sur la dernière édition et elles sont à nouveau six cette année » souligne Erwan Le Roux. « Il faut faire bouger les choses pour que les femmes prennent leur place dans ce sport. Et ça passe par la transmission comme je le fais actuellement avec Audrey. Ça ne veut pas dire que j’arrête de mon côté. Ce n’est pas un changement de skipper, c’est une continuité. Quand j’ai présenté le projet de passer le témoin à Audrey pour la Route du Rhum, Koesio a immédiatement été emballé. On s’est donc mis à fond là-dedans. »
« Je suis encore novice dans la course au large » ajoute Audrey. « J’ai beaucoup de paramètres à apprendre. La météo, le routage, la gestion du sommeil et de l’effort ou encore l’attention permanente que je dois avoir sur le bateau… Car Koesio est un trimaran qui peut vraiment se retourner contrairement à un bateau avec une quille qui se couche et qui se remet droit. » Quant à savoir comment agir pour que les femmes puissent encore davantage prendre leur place dans la voile de compétition, Erwan explique avoir évolué sur la question des championnats 100% féminin (comme c’est par exemple le cas sur la Coupe de l’América). « Je pense que c’est un passage utile pour qu’elles évoluent dans un environnement qui leur donne plus de confiance au départ. Le fait de partager une expérience commune avec d’autres femmes leur permet souvent de passer des paliers importants. » Les co-skippers de Koesio ont désormais rendez-vous sur la prochaine saison des Ocean Fifty Series et la Transat Jacques-Vabre en 2025. Avant de voir Audrey emmener le trimaran de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre en 2026 sur la célèbre Route du Rhum.