Le nom fait rêver, mais pourrait bien évoquer à terme une plage disparue. À Hawaï, le spot de Waikiki est l’un des plus populaires de l’archipel, mais aussi l’un des plus menacés.
Très impliquée dans la protection de l’environnement à Hawaï, « l’association à but non lucratif Sustainable Coastlines Hawaii » publie régulièrement sur son compte Instagram le résultat de ses opérations de nettoyage des différentes plages de l’archipel. Dans son tamis, ce sont des kilos de petits bouts de plastique qui sont ramassés par les volontaires de l’association (voir ci-dessous).
Si la pollution des plages par ces milliers de microplastiques est désormais un phénomène connu du grand public (provenant notamment des 150 millions de tonnes de déchets plastiques qui polluent les océans), le réchauffement climatique est un autre souci majeur pour certaines côtes. Mais si celui-ci est moins visible, il menace clairement certaines plages, à l’image de celle de Waikiki, qui reste l’une des plus populaires d’Hawaï.
La hausse du niveau des océans a déjà eu un impact important sur ce spot plébiscité également par les surfeurs débutants. L’érosion progresse alors que le sable n’est pas remplacé par les récifs coralliens qui n’en produisent plus assez car ces derniers sont malades à cause de l’augmentation des températures.
« Les gens pourraient être surpris de voir à quel point cette plage est artificielle », avait ainsi expliqué en début d’année Dolan Eversole, coordinateur de la gestion de la plage de Waikiki et géologue de la Special Improvement District Association au site Politico dans une large enquête menée par la journaliste Melanie Warner. « Si la plage n’est pas réaménagée, on peut s’attendre à ce qu’elle disparaisse complètement d’ici 20 à 30 ans. Il faut bien comprendre que ce paysage n’est pas forcément destiné à être là pour toujours, surtout si l’on ne fait rien. Aujourd’hui, avec les mesures prises, nous gagnons juste du temps, mais un jour, ce sera trop tard. »
Afin de lutter contre la disparition de l’une de ses plages les plus emblématiques, le gouvernement de l’Etat hawaïen a financé depuis 2006 l’acheminement de sable provenant d’autres plages afin de renflouer celle de Waikiki. Un coût de plusieurs millions de dollars qui n’empêchera pas des prises de décisions plus radicales, en obligeant la population à reculer (en détruisant ainsi les habitations les plus proches de la plage) ou en construisant des habitations en hauteur, fatalement rattrapées un jour par la montée des eaux.
Voir cette publication sur Instagram
En 2017, un rapport a évalué la montée des eaux sur les 20 prochaines années et estimé que la progression du niveau de la mer de 15 cm sur les 10 dernières années devrait donc se poursuivre. L’enjeu est d’importance pour l’Etat Hawaïen qui voit chaque année près de 10 millions de touristes arriver sur ses terres. À elle seule, la plage de Waikiki rapporterait ainsi 2 milliards de dollars par an, une manne financière capitale pour la survie de l’archipel. Or, les dégâts de la montée des eaux sont estimés à près de 5 milliards de dollars si les pouvoirs publics ne prennent pas les choses en main. Un enjeu majeur si les locaux ne veulent pas voir disparaître l’une des plages les plus célèbres de la planète.